> COMMENT EST-CE ARRIVÉ ?

Le génocide au Rwanda
La communauté internationale incapable d'arrêter l'horreur

Dès avant l'époque coloniale, la population du Rwanda est composée de Hutu, de Tutsi et de Twa : les Tutsi sont pour la plupart éleveurs, les Hutu agriculteurs et les Twa des potiers cueilleurs.

À partir de la fin du XIXe siècle, les colons allemands puis belges font de cette distinction économique et sociale une donnée raciale figée. Ils la renforcent en appuyant leur pouvoir sur les Tutsi, très minoritaires.

Après la décolonisation, obtenue en 1962, cette rivalité se poursuit. Les Hutu au pouvoir commettent les premiers massacres.
Beaucoup de Tutsi sont contraints à l'exil, où ils créent le Front patriotique rwandais (FPR), dont les troupes tentent à plusieurs reprises de pénétrer au Rwanda.

Lorsque le Président Juvénal Habyarimana, un Hutu, est tué dans un attentat le 6 avril 1994, les autorités rwandaises profitent de cette occasion pour déclencher un génocide contre les Tutsi.

Encouragées par les appels de la radio Mille Collines, les milices Hutu Interahamwe traquent les Tutsi à travers le pays. Des civils participent aux massacres, commis le plus souvent à l'aide de machettes. Hommes, femmes et enfants Tutsi sont souvent même tués par leurs voisins.

Beaucoup de médias et d'hommes politiques ont parlé de conflits inter-ethniques complexes. Cette thèse, appuyée sur les massacres commis par les forces Tutsi qui ont reconquis le Rwanda pour mettre fin au génocide, cherche surtout à relativiser le génocide contre les Tutsi.

Au total, plus d'un million de Tutsi, mais aussi des opposants Hutu, ont été assassinés en quelques semaines.
Malgré l'ampleur de la catastrophe et son caractère prévisible tant les appels au meurtre se multipliaient depuis le début des années 1990, la communauté internationale a été incapable d'empêcher un nouveau génocide, 50 ans après la Shoah, entraînant ainsi une nouvelle cicatrice dans l'histoire de l'humanité.




CHRONOLOGIE

1897
Mise en place du protectorat militaire allemand sur le Rwanda. Le pays se compose alors principalement de trois groupes socio-ethniques : les Hutu, majoritaires, les Tutsi, minoritaires et occupant des postes de pouvoir, et les Twa.

1922
Le Rwanda est placé sous mandat belge.

1931
L'administration Belge introduit la mention ethnique sur les cartes d'identité.

1959
Après le massacre de centaines de Tutsi, les Belges renversent leur alliance au profit des Hutu.

1962
Le 1er juillet, le Rwanda accède à l'indépendance.

1963
Après une incursion d'exilés Tutsi depuis le sud du pays, les Tutsi de l'intérieur sont victimes d'une répression violente qui fait plus de 10000 morts.

1973
Après un coup d'État, Juvénal Habyarimana, officier Hutu originaire du Nord, prend le pouvoir.

1987
Des réfugiés Tutsi fondent en Ouganda le Front patriotique rwandais (FPR).

1988 - 1989
À cause de l'effondrement du cours du café et du thé, une grave crise économique touche le Rwanda.

1990
Le FPR lance sa première offensive dans l'Est du pays, rapidement endiguée par les FAR (Forces armées rwandaises) appuyées par des troupes étrangères (zaïroises, belges et françaises). Les Tutsi de l'intérieur sont accusés de complicité avec l'ennemi.

1992
Des Tutsi sont désignés à tort comme responsables d'assassinats de Hutu. Cette accusation sert de prétexte à un massacre organisé au sud de Kigali.

1993
Sous l'impulsion de la communauté internationale, le président Habyarimana signe avec l'opposition et le FPR les Accords d'Arusha qui prévoient le partage du pouvoir. La MINUAR (Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda), commandée par le général Dallaire, entame son opération de maintien de la paix.

1994
Le soir du 6 avril, l'avion du président Habyarimana est abattu. Kigali est quadrillée par l'armée et la milice. Le 7 avril, Agathe Uwilingiyimana, premier ministre, est assassinée par des militaires ; les opposants politiques Hutu sont exterminés systématiquement. Dix casques bleus belges affectés à la protection du premier ministre sont massacrés par des soldats rwandais.
Le 9 avril, un gouvernement intérimaire est constitué. Du 9 au 15 avril, la Belgique et la France notamment envoient des troupes au Rwanda pour l'évacuation de leurs ressortissants.
Le 21 avril, en plein génocide, le Conseil de Sécurité des Nations unies réduit considérablement ses effectifs au Rwanda.
À la fin du mois de mai, le génocide est presque accompli. Le 22 juin, la France lance l'Opération Turquoise sous l'autorité des Nations unies, opération militaro-humanitaire qui doit sauver des Tutsi mais qui permettra en réalité aux cadres du gouvernement génocidaire et aux nombreux tueurs de fuir devant l'avancée des troupes du FPR.
Le 4 juillet, le FPR remporte la bataille de Kigali. Le 19 juillet, les forces génocidaires sont en déroute, poussant deux millions de civils Hutu vers le Zaïre ou la Tanzanie.
Un nouveau gouvernement d'Union nationale est mis en place à Kigali.