Un camp d'artistes
AU COEUR DU CHAOS, L'ART
Le Camp des Milles a abrité une importante communauté d'intellectuels et d'artistes européens, allemands en particulier, dont beaucoup étaient internationalement reconnus, tels que Max Ersnt et Hans Bellmer, des prix Nobel, des hommes politiques, des journalistes... De l'enfermement et des privations ont émergé une forte émulation créative et une volonté d'utiliser l'art pour résister à la déshumanisation programmée. Des centaines d'oeuvres ont été réalisées au Camp des Milles. Dans Die Katakombe, un four à tuiles, des moments culturels étaient organisés, à la bougie. Beaucoup de traces de cette création artistique foisonnante demeurent et sont à découvrir aujourd'hui sur les murs du camp.
LES TRACES
Une équipe regroupant architectes, archéologues et historiens s'est penchée sur la question de l'occupation réelle des lieux de 1939 à 1942, cherchant à spécifier les zones ayant servi à l'internement, leurs fonctions exactes, l'évolution de celles-ci au cours des trois ans et demie d'activité du camp.
La recherche d'inscriptions et de peintures murales fut également l'un des objectifs de ce vaste chantier. Il a pu ainsi être déterminé que l'ensemble du bâti – Tuilerie et bâtiments annexes – avait été occupé dans sa globalité. Par le croisement de rapports d'inspection du camp et de témoignages des internés eux-mêmes, une idée assez précise de l'état des lieux a pu émerger : planchers disjoints, poussières d'argile omniprésentes, utilisation des séchoirs à briques, présence de châlits… Il s'est avéré que le troisième étage du bâtiment principal a connu, dans un premier temps, une occupation plutôt clandestine de la part des internés, avant d'être condamné, pour servir à nouveau au moment des déportations. L'équipe s'est livrée à la reconnaissance des lieux, identifiant dortoirs et réfectoires, ateliers artisanaux ou artistiques, locaux de l'administration… Graffiti, inscriptions et restes de dessins et de peintures ont été repérés et inventoriés. Les internés ont laissé sur les murs de touchants témoignages comme cette lettre d'amour dédicacée à une certaine Esther…
L'usine a repris son activité en 1946 et a fonctionné jusqu'en 1991. Le bâti a naturellement subi des modifications. Certaines constructions annexes où avaient été installées l'infirmerie et les cuisines ont ainsi disparu dans la période d'après-guerre. La destruction d'un four Hoffmann (four Ouest) en 1963 a également entraîné la transformation de l'aile Ouest du bâtiment principal au rez-de-chaussée et au premier étage. Des recherches archivistiques ont ainsi pu préciser les ajouts architecturaux ou les destructions d'après-guerre : arrachements de cloisons, réfection des sols et des plafonds, réaménagements internes divers…
Finalement, le travail de l'équipe a permis d'établir les zones (les plus nombreuses) qui ont le mieux conservé leur aspect de l'époque et qui pourront être ouvertes dans des parcours de visite. D'autres seront privilégiées pour leur valeur historique (lieu de culte ou d'activité théâtrale par exemple). Une restauration légère a été envisagée, visant à redonner aux lieux la configuration et l'atmosphère les plus proches de celles que connurent les internés du camp des Milles.
C'est sur la base des résultats de cette étude que le Comité de pilotage a fait le choix de concentrer les aménagements fonctionnels du programme sur les zones les plus altérées, soit la zone Ouest du bâtiment principal et certains petits bâtiments annexes, dans l'hypothèse d'un accès retardé au bâtiment arrière.
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